Rayan Lecurieux-Durival, jeune danseur guyanais, revient sur son parcours professionnel. Des spectacles de danse à Cayenne aux stages à Paris en passant par son admission dans une école de danse new-yorkaise… Jusqu’à la scène internationale. Découvrez son entretien avec Mo News.
Tu es Rayan, danseur guyanais à New-York, tu peux nous raconter ton parcours ?
Je suis guyanais, je viens de Cayenne. Toute ma famille est en Guyane sauf mon frère qui est à Paris. J’ai commencé la danse quand j’avais 6 ans. J’ai continué au conservatoire de Matoury avec Gladys Demba et j’ai fini à Rick Odums (Centre international de danse jazz) après avoir passé les auditions. J’y suis resté pendant deux ans, j’ai passé mon diplôme EAT (Examen Aptitude Technique). Et par la suite, j’ai intégré la compagnie de l’école : Jeune ballet jazz.
Après une autre audition, je suis parti à New-York à la The Ailey School pour trois ans. J’y ai eu plein d’opportunités, j’ai fait deux saisons avec la compagnie principale de l’école : Alvin Ailey American Dance Theater. J’ai aussi eu la chance de partir pour le festival Holland Dance Festival pendant une semaine, en 2020. J’ai aussi défilé pour la Macy’s Parade pour Thanksgiving. Puis j’ai eu des collaborations avec des chorégraphes internationaux : Brice Mousset, Fréderic Moore, etc.
Actuellement, tu en es où ?
Maintenant, je travaille aux États-Unis, comme danseur professionnel. Je me produis un peu partout, mais je suis basé à New-York. Je suis dans trois principales compagnies : Pony Box Dance Theatre, Jennifer Muller/The Works, Jamel Gaines, et Buglisi Dance Theatre. J’ai aussi réalisé des projets avec Black Iris Project, Ballet Boy Productions, etc. Et je bosse avec toutes ces compagnies et ces projets, selon mon emploi du temps. Ça dépend aussi des événements, des spectacles. Par exemple, je vais danser avec Ballet Boy Productions tout le mois de juillet, pour l’événement New Victory Dance au New Victory Theatre.
C’est difficile d’être un guyanais à New-York ?
Ça peut être dur, car ce n’est pas la même mentalité, ça fait quatre ans que je suis là-bas et j’essaye encore de m’adapter. La barrière de la langue, la culture est différente, c’est une autre mentalité. Aussi, les États-Unis, mais surtout New-York, c’est vraiment la ville internationale : Japon, Chine, Brésil… Il y a toutes les nationalités et quand je suis arrivé, je me suis dit : « Mais qu’est-ce que je fais là ? » Quand on voit tous les talents, il faut se battre pour avoir de la place. C’est beaucoup de travail personnel et de remise en question aussi. Je suis content d’être passé par Rick Odums parce que j’ai eu la chance d’évoluer avec la mentalité française et américaine. Je suis aussi arrivé tout seul aux États-Unis et c’était très difficile au début, mais comme je savais ce que je voulais, percer dans le monde de la danse, ça a été.
En tant que jeune ultra-marin, c’est facile d’accéder à des structures ou il faut très vite traverser l’Atlantique vers l’Hexagone ?
Pour ma part, les structures en Guyane font une bonne préparation. Mais pour du haut niveau, il faut partir à l’extérieur. Ça reste une petite mentalité dans le sens où, en Guyane, ça reste un loisir… Sauf qu’une fois qu’on est parti, on se dit que ça peut être quelque chose. Qu’on peut gagner de l’argent cette manière, aller loin. Mais c’est vrai que lorsqu’on a une famille qui ne suit pas derrière, ça peut être difficile, ça peut être un blocage.
Tu aimerais transmettre un message pour les jeunes qui ont des rêves ?
Il faut aller jusqu’au bout de ses rêves, qu’importe ce que les gens disent. Si tu ne prends pas les décisions, personne ne le fera pour toi. Tu te fais plaisir, tu fais ce que tu veux. Fait le seul mais sache comment tu le fais ! Ça peut prendre du temps, mais il faut s’accrocher, car l’effort finit toujours par payer.