Le fondateur de la France Insoumise s’est rendu sur le chantier de la Centrale Électrique de l’Ouest Guyanais (CEOG), à 48 heures d’une émission politique nationale à laquelle il participera depuis la Guyane.
Jean-Luc Mélenchon, fondateur du parti politique La France Insoumise et triple candidat à la présidentielle, a visité le chantier de la Centrale Électrique de l’Ouest Guyanais mardi 10 janvier, après avoir passé la matinée à Apatou où il a échangé sur les conséquences de l’orpaillage illégal.
Accueilli par le Yopoto Roland Sjabere au village Kali’na de Prospérité, l’homme politique âgé de 71 ans a discuté à partir de 16 heures avec les habitants et une délégation kali’na, en lutte contre l’emplacement de la centrale.
Jean-Luc Mélenchon a dit « vouloir réparer une injustice » en rencontrant des chefs coutumiers de Guyane. « Le président de la République Emmanuel Macron a reçu à plusieurs reprises des chefs coutumiers de peuples du Brésil, jamais ceux de la Guyane. » a-t-il expliqué.
« C’est cela que veulent écraser les grands dirigeants de ce monde. »
Il a aussi annoncé qu’il participera, depuis la Guyane, à « une grande émission politique nationale » diffusée en direct sur France 2 jeudi 12 janvier et présentée par la journaliste Caroline Roux.
Au cours des discussions au village Prospérité, le Yopoto Roland Sjabere a rappelé l’opposition marquée des habitants avec l’emplacement du projet. « Nos aïeux nous ont montré comment vivre de manière équilibrée avec tout ce qui nous entoure. Ici, c’est un petit village tranquille où il fait bon vivre, c’est tout ce à quoi nous aspirons et c’est cela que veulent écraser les grands dirigeants de ce monde. » a détaillé le chef coutumier.
Dans une tribune parue dans la presse nationale en décembre, à l’initiative de la Jeunesse autochtone de Guyane, de la Fondation Danielle Mitterrand, du Comité de solidarité avec les Indiens des Amériques, ainsi que de l’Association nationale pour la biodiversité, un collectif déplore une forme de coercition dans l’attribution des terres à la société HDF Energy, porteuse du projet : « alors que nous attendons depuis trente ans que l’Etat nous confie ce terrain au titre des zones de droit d’usage collectif, la société HDF Energy a obtenu en moins d’un an l’autorisation pour y implanter la centrale électrique sans concertation réelle avec les habitants. »
Soutien ou allié ?
S’en référant aux compensations financières proposées par le passé au village Prospérité, Roland Sjabere a déclaré : « nous ne courrons pas derrière des sommes astronomiques, nous avancerons doucement et sûrement, pas rapidement avec fragilité ».
La délégation s’est ensuite rendue sur les lieux du chantier, à un peu plus d’un kilomètre à vol d’oiseau du village, où une « zone de résistance » a été installée au début du mois de novembre.
15 hectares sur les 78 octroyés au projet de la CEOG ont d’ores et déjà été déforestés. À l’issue de la visite du site, Jean-Luc Mélenchon a fait part d’ « incertitudes » au sujet du projet de HDF Energy et du fonds d’investissement Meridiam. « L’Amazonie n’est pas une page blanche » a-t-il dit, avant de poser : « quel est le droit du peuple Kali’na ? Est-ce que son droit de décider s’arrête quand on met une clôture et du fil barbelé ? »
Certains des opposants à l’emplacement du projet attendaient un soutien ferme de l’homme politique. « M. Mélenchon, est-ce que vous êtes notre allié ? » a demandé une femme au leader Insoumis. S’il a assuré qu’il partageait le « sentiment humain » des opposants, Jean-Luc Mélenchon est aussi revenu sur une « difficulté », relative à l’assentiment général donné par les élus Guyanais au projet. « Je ne peux pas dire à la fois que je dois écouter le peuple et me foutre des élus. » a-t-il conclu, juste avant de reprendre la route pour Cayenne.
Plus d’infos dans notre prochaine édition.Amér