MOUVEMENTS SOCIAUX – Le tribunal administratif de Guyane a été saisi d’une procédure en référé lancée par le Grand Port Maritime de Guyane. L’institution portuaire réclame la « libération » de l’accès aux quais, bloqué par les manifestants contre la réforme des retraites depuis ce mardi.
« On a constaté que, tant qu’on ne dérange pas le système économique et qu’on ne touche pas aux finances, personne ne bouge et personne ne dit rien. Le blocage d’hier a eu un très gros effet. » lance Gilles Beaudi, syndicaliste de l’Union des Travailleurs Guyanais, face à la presse ce mercredi. En bloquant l’unique accès au Grand Port Maritime de Guyane depuis plus de 24 heures, l’intersyndicale, en tête de file de la mobilisation contre la réforme des retraites, congratule « un coup de semonce » porté aux socioprofessionnels de Guyane.
Le blocage empêche le déchargement de conteneurs transportés par la CMA-CGM. Problème : les enjeux commerciaux propres à cette livraison sont « très importants », selon Philippe Lemoine, directeur du Grand Port Maritime. La direction de l’institution portuaire, avisée de la reconductibilité du mouvement de grève, a intenté une action en « référé mesures utiles » pour obtenir l’expulsion des manifestants.
« L’autorité portuaire ne peut pas rester sans rien faire. »
« Je suis dans l’obligation de demander le déblocage du port, c’est quelque chose de quasi mécanique. L’autorité portuaire ne peut pas rester sans rien faire. Nos clients sollicitent des solutions pour sortir les conteneurs. » s’alarme Philippe Lemoine depuis Paris, où il est en déplacement.
Le juge des référés appréciera demain, jeudi 9 mars, au cours d’une audience au tribunal administratif de Guyane (à Cayenne), si le préjudice porté au Grand Port Maritime nécessite d’ordonner toute mesure dans l’urgence. L’institution portuaire sera représentée par Me Pouillaude, avocat au barreau de Paris.
Déconcertés par l’avis d’audience qu’ils ont aperçu dans la matinée ce mercredi, les syndicats envisagent de « changer de braquet ». « L’objectif n’a jamais été de faire durer le mouvement une semaine. On avait un objectif bien précis de 48 heures, maintenant ça peut changer. » rapporte Gilles Beaudi. Les syndicats seront représentés par Me Tshefu à l’audience, qui pourrait donner le ton des prochaines journées de mobilisation.