Le conseil d’administration de la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER) de Guyane a révoqué son président Christian Epailly ce jeudi matin. Désavoué, l’agriculteur est remplacé par une présidence en intérim assurée en triangulaire par Albert Siong, Roger Aron et Georges Michel Phinéra-Horth.
Christian Epailly et le conseil d’administration de la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural sortent d’une réunion aux multiples rebondissements. Contesté pour sa gouvernance et objet de vives critiques quant à ses méthodes de travail, le président de la structure, chargée de favoriser l’attribution des terres de l’Etat aux agriculteurs de Guyane et de travailler sur l’aménagement, a été révoqué de ses fonctions ce jeudi 23 mars sur décision de son conseil d’administration.
Christian Epailly a soufflé ses 70 bougies en octobre 2022 et n’était plus en règle dans les textes pour assurer la présidence. Le conseil d’administration de la SAFER avait programmé une assemblée générale dite extraordinaire le 9 mai 2023 pour le remplacer.
Démis de ses fonctions en son absence
La procédure a été accélérée, au grand dam de Christian Epailly. Ce jeudi matin, au cours d’un conseil d’administration qui s’est tenu en présence du président de la SAFER France, Emmanuel Hyest, une alerte a été lancée par une des administratrices. En raison d’un contentieux qui l’opposait à Christian Epailly, le directeur de la SAFER n’aurait pas été payé depuis deux mois. Selon une source, un entretien préalable de licenciement dudit directeur était même programmé lundi prochain.
Probablement la goutte d’eau qui a fait basculer les échanges. Christian Epailly, après avoir annoncé que le quorum n’était pas réuni au début de la réunion à 10 h, avait mis les voiles à 10 h 30. Dès lors, une nouvelle réunion s’est tenue. « Après maintes réflexions et discussions, un débat d’environ 1 heure, nous avons décidé, pour éviter de plonger la SAFER dans le chaos, dans le gouffre, de révoquer le président M. Epailly pour protéger les intérêts et la survie de la SAFER » explique Albert Siong, président de la chambre d’agriculture qui a suivi les échanges en visioconférence.
Parmi les décisionnaires, on pouvait trouver, dans la petite salle dédiée de la chambre d’agriculture : Chantal Berthelot, ancienne députée et membre du Groupement des agriculteurs de Guyane (Grage), Roger Aron (1er vice-président de la SAFER et vice-président de la CTG en charge notamment de l’agriculture), mais aussi des représentants du Crédit Agricole et de Groupama.
« Pendant qu’on fait ça, les agriculteurs attendent »
Contacté, Christian Epailly dément formellement le premier point avancé en conseil d’administration au sujet du contentieux avec son directeur. Selon l’ex-président de la SAFER, l’homme aurait été payé en temps et en heure. Toutefois, ce dernier ne se présentait pas au travail, d’après Christian Epailly. « Il ne travaille pas. J’ai un constat d’huissier depuis trois mois. Le mec coûte 7 000 euros par mois. » tance-t-il.
Et de dénoncer une cabale et des pressions exercées ce matin, devant la chambre d’agriculture : « J’avais une convocation à 10h. Deux voitures de gendarmerie se trouvaient devant la chambre [d’agriculture]. J’ai appelé mon avocat, je suis rentré, et au moins 7 ou 6 gendarmes en civil m’attendaient. »
Au sujet de la limite d’âge, Christian Epailly dit qu’il est dans les règles. « Je voulais faire approuver les comptes au 30 juin pour partir tranquillement de la SAFER. » explique-t-il. Affirmant ne pas avoir été informé directement de la décision du CA, l’agriculteur ironise : « pendant qu’on fait ça, les agriculteurs attendent ». La Safer est censée répondre à un besoin de longue date sur le territoire, celui de permettre la régulation du marché foncier agricole local. Pourtant, elle accuse un certain nombre de déboires depuis son installation.
Outre cette révocation sous forme de désaveu de la part de son CA, Christian Epailly a des démêlés avec la justice. Il est convoqué le 4 avril au tribunal correctionnel pour des faits présumés de travail dissimulé.