Dans un rapport publié ce lundi 17 juillet, la Cour des comptes expose une situation alarmante, notamment dans les territoires ultra-marins, dont la Guyane.
« Les outre-mer ont 40 ans de retard dans la mise en œuvre de la politique de l’eau et d’assainissement », indique un rapport de 2013 du CGEDD*. Un retard encore marqué 10 ans plus.
En effet, en Guyane, près de 35 000 personnes n’ont pas accès au service de base d’eau potable (4,5 % de la population). Et 26 000 (3,4 %) n’ont pas accès à des services sanitaires améliorés.
En 2021, environ 83,6 % de la population française a eu accès à une eau du robinet qui respectait constamment les limites de qualité imposées par la réglementation. Les services d’eau qui desservent plus de 50 000 usagers ont maintenu une conformité constante en ce qui concerne la qualité de l’eau distribuée.
Cependant, ce n’était pas le cas pour les services qui desservent moins de 5 000 usagers. Dans les départements d’outre-mer, la situation est si préoccupante que le gouvernement a mis en place un plan d’action spécifique pour l’eau en 2016. Cependant, jusqu’à présent, seules les premières étapes de sa mise en œuvre ont été réalisées.
Des conflits d’usage
Les conflits d’usage liés à l’eau peuvent naître lorsque les particuliers et agriculteurs sont confrontés à des restrictions, mais que les terrains de golfs sont arrosés. En 2022, cette polémique a vu le jour.
Par exemple, en Martinique, il y a un conflit d’usage entre la CACEM et la CAESM. Ces dernières se disputent l’utilisation de l’eau de la rivière Blanche. Celle-ci représente 36 % des prélèvements à usage domestique.
Une pression sur la ressource
La pression sur la ressource est également accentuée avec le faible réseau des Antilles. En 2019, la Martinique a connu un taux de perte de 48 %, en ajoutant à cela, la pollution au chlordécone.
La Guadeloupe, quant à elle, connaît un taux de perte de 60,4 % en moyenne et pouvant atteindre 80 % sur certaines parties du territoire.
Des objectifs difficilement atteignables
« Même lorsque des études sont menées, leurs conclusions ne sont pas toujours suivies d’effets ni mises à jour. Or l’actualisation régulière des objectifs est indispensable pour s’assurer de leur pertinence dans un contexte du changement climatique fortement évolutif », souligne le rapport de la Cour des comptes.
En effet, en 2016, le gouvernement français a mis en place un « plan eau départements d’outre-mer » dans le but d’améliorer l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement dans ces régions. À la fin de l’année 2019, des contrats de progrès ont été signés entre l’État et certaines collectivités territoriales concernées. Cependant, la mise en œuvre de ces contrats a été retardée en raison de l’épidémie de Covid-19. Il est encore trop tôt pour évaluer l’efficacité et les résultats de ce plan, indique le rapport.
Ainsi, en France, il existe une lacune importante dans les connaissances sur les ressources en eau, ainsi que sur les prélèvements effectués. Selon la Cour des comptes, les informations disponibles sont souvent obsolètes de plusieurs années, alors que tout le monde reconnaît la rapidité des changements en cours. De plus, les schémas d’aménagement et de gestion des eaux, qui sont élaborés sur une période moyenne de neuf ans, ne sont pas toujours mis à jour et peuvent parfois ne plus correspondre à la réalité actuelle.
* Conseil général de l’environnement et du développement durable devenu Inspection générale de l’environnement et du développement durable.