Mathieu Abonnec est un artiste guyanais qui expose à travers le monde. S’il utilise la photographie, il ne se qualifierait pas de photographe. En effet, il pratique d’autres arts : sculpture, dessin, film, son, etc. C’est avec Mo News qu’il a décidé de se confier sur son parcours artistique et ses œuvres autour de ses racines. Entretien.
Tu es Mathieu, artiste photographe guyanais, tu peux nous raconter ton parcours ?
Ma mère est guyanaise et j’ai grandi à Cayenne. Je voulais suivre des études d’arts-plastiques au lycée, mais il n’y avait pas de section arts-plastique en Guyane à cette époque. Je me suis donc dirigé vers la France pour avoir accès à une classe de seconde section art-plastique à Nîmes. Donc, je suis parti vers 15 ans.
Après un bac art-plastique, je suis rentré aux beaux-arts de Marseille ou j’ai obtenu mon DNSEP (diplômes nationaux supérieurs d’expression plastique) qui sanctionne cinq années d’études. Quelques années après, j’ai fait un post-diplôme aux beaux-arts de Paris, et j’ai eu la chance de travailler avec une galerie parisienne. Ce qui m’a permis de commencer à vivre de mon travail. Je dirais que cela fait un peu plus de 17 ans que je travaille dans un contexte international. Je n’ai cependant jamais cessé de faire des aller-retours entre la Guyane et la France.
LIRE AUSSI : Rayan Lecurieux-Durival : le danseur guyanais sur les scènes new-yorkaises
Tu as exposé sur tous les continents, il me semble.
J’ai exposé aux États-Unis, Canada, Allemagne, Belgique, Italie, Congo, Indonésie, Corée du Sud, Brésil, Angleterre, Hollande, France, Suisse, Guyane, Autriche, Ukraine, et dans d’autres pays encore… C’est une liste non exhaustive.
Parmi les descriptions que l’on peut lire de ton travail, il y en a une qui a retenu mon attention : tu évoques l’histoire coloniale et post-coloniale ? Pourquoi, c’est en lien avec la Guyane ?
Effectivement, ces questions sont au cœur de mon travail depuis le début de mes études aux Beaux-arts. La rencontre avec les textes d’Aimée Césaire et Frantz Fanon : Les Damnés de la terre et Le cahier d’un retour au pays natal qui étaient dans la bibliothèque de ma mère. Ça a été déterminant pour moi.
Ce qui m’importe, c’est de créer des ponts entre histoire personnelle et histoire collective. J’espère faire partie d’une génération d’artistes qui a su mettre en lumière une réalité de l’histoire coloniale française. Et qui a surtout montré la façon dont cette histoire coloniale, et son idéologie patriarcale et raciste, se prolonge dans le présent, au cœur de l’Hexagone. Mais aussi bien sûr dans un pays comme la Guyane.
Tu en as des projets pour la Guyane aussi ?
Oui, toujours. Ce sont des projets en construction, donc tout est à faire, mais oui la Guyane est toujours au cœur de mon travail.