À l’occasion de la journée de la femme, le 8 mars, Mo News s’est demandé ce que vivaient les femmes arbitre sur le terrain lors de rencontre masculine. Anne Meyer, arbitre de futsal a accepté de partager son expérience.
Tu es pour l’instant seule femme sur le terrain ?
Pour le moment, en futsal, sur le terrain, oui. Après, il y a des auxiliaires : elles s’occupent de la table de marque pendant les matchs. Et j’arbitre de tout.
Avant le Covid, il y avait quand même 5 femmes arbitre.
Tu as déjà dû faire face à des remarques misogynes ?
Oui, et c’est arrivé assez tôt quand j’ai commencé. Je me suis retrouvé à arbitrer un match. J’étais toute seule ce jour-là.
J’avais sifflé une faute et le gars m’a insulté en portugais, sauf que j’ai compris : « Pute ! » Il est passé devant moi, il m’a regardé et il me dit ça. Alors, j’ai mis le carton rouge, c’est une insulte.
Et je suis restée avec la présidente de la ligue de futsal, Andréa Imfeld et un arbitre, jusqu’à la fin pour partir avec eux. Je ne me sentais pas de quitter les lieux toute seule, je n’étais pas à l’aise. C’est fort comme insulte quand même.
Du coup, ce joueur en question, à chaque fois qu’il me voit sur un match, il me titille, il me fait un signe. Mais il sait que s’il fait une bêtise en match, je le sanctionne.
Tu t’attendais à ce type de situation ?
Non. Et ça m’est encore arrivé. C’était le coach cette fois-ci : « T’es trop conne ! Prend des notes, je n’en ai rien à foutre », il s’est déchaîné. J’étais encore toute seule pour arbitrer.
Les insultes ont du sens, les hommes aussi sont traités de « pute », par exemple ?
Non. Par exemple, le joueur qui m’avait insultée à jouer un autre match où c’était deux collègues hommes qui l’arbitraient. Il n’y a pas eu d’insulte, ou du moins, c’est autre chose. Ils vont s’opposer aux décisions de l’arbitre, en montrant qu’ils ne sont pas contents, mais je n’ai pas encore entendu des propos de ce genre.
Quand tu es avec un autre collègue, ça se passe mieux ?
Quand je suis avec un homme, ou qu’on est deux, ça se passe différemment. Souvent, c’est mon collègue masculin qui va aller gérer le conflit avec un garçon. Peut-être parce qu’ils se connaissent plus, car ils jouent ensemble et sont arbitres depuis plus longtemps que moi.
Le fait que tu sois la seule peut jouer ?
Je pense. Certainement que leur côté un peu macho et leur égo n’accepte pas qu’une femme puisse leur dire de sortir du terrain, car clairement un rouge ça veut dire ça.
Et des insultes de la part des filles ?
Non, je n’ai jamais eu. Après elles expriment le fait qu’elles ne sont pas contentes avec des gestes, etc. Comme elles me connaissent en tant que joueuse aussi, comme manager du Montjoly FC… Je ne pense pas être plus sévère avec les garçons qu’avec les filles.
Je trouve que c’est quand même plus rare une fille qui insulte un arbitre masculin.
Tu as de l’appréhension que ça soit homme ou femme ?
Non, c’est surtout quand je sais que j’arbitre seul et selon les équipes qui s’affrontent.
Ça fait quoi d’être la seule femme arbitre futsal en Guyane ?
Ça m’est égal honnêtement, je pense que je me débrouille mieux que certains garçons. Et il y en a avec qui je m’entends très bien, car ils arbitrent bien et on se comprend très bien sur le terrain.
Ça serait drôle de voir comment les joueurs réagiraient si c’était deux femmes.
On voit de plus en plus de femmes arbitre sur la scène sportive, tu en penses quoi ?
Lors de la coupe du monde 2022, il y avait l’arbitre française, Stéphanie Frappart, et je trouve ça génial ! Une femme qui arbitre un quart de final masculin de Coupe du monde ? Ça montre que l’arbitrage français est bon, on a eu deux français lors de la Coupe du monde (Stéphanie Frappart et Clément Turpin).
Surtout Stéphanie Frappart, ça montre que l’arbitrage féminin est en plein essor et qu’elles peuvent très bien arbitrer une finale de mec.