À une semaine du début du ramadan, Khadija, Issa et Kheirddin se sont confiés sur leur quotidien, leur vision de l’islam en Guyane et le cheminement jusqu’à la pratique. Les trois sont membres de l’Association des musulmans de Guyane (A2CMGF).
« Les gens aiment mettre l’accent sur le voile. Moi, j’ai cheminé, je ne l’ai pas mis de suite. Et mes filles ne sont pas obligées non plus de le porter », explique Khadija, une guyanaise convertie depuis une vingtaine d’année. Elle épouse l’islam après maintes recherches et la conversion de son mari trois ans avant elle : « Je suis issue d’une famille catholique pratiquante. Moi je ne connaissais pas l’islam et je continuais à pratiquer ma religion catholique. Un jour, j’ai demandé à mon mari de m’acheter un livre sur la femme musulmane et j’ai commencé à m’y intéresser. »
N’étant pas en opposition avec ce en quoi Khadika croit déjà, ce nouveau savoir lui permet d’abattre les contradictions et doutes que la religion catholique lui a transmise : « Pour moi, c’était une continuité dans mes croyances, c’est un complément. Et je me suis convertie. »
Et la famille transitionne vers les fêtes musulmanes : « On a arrêté de fêter Noël, sans supprimer les cadeaux des enfants d’un coup, et on a commencé à fêter l’Aïd ». Pour Khadira, c’était un devoir de leur inculquer la religion tout en leur laissant le choix. « Il faut savoir pourquoi on le fait, il faut être conscient des décisions qu’on prend », souligne la mère de famille. Aujourd’hui, ses enfants pratiquent l’islam.
Apprendre pour comprendre
Kheirddin, lui, est né en Algérie, dans une famille non pratiquante aux traditions musulmanes. Il explique que le passé colonial de l’Algérie n’a pas permis à son père d’apprendre l’arabe (interdit à cette période). « Nous sommes la première génération après la colonisation à être arabophone. »
« Avant, nos parents et grands-parents, était dans un islam plus traditionnel, où il y avait beaucoup de dérives. C’était avec naïveté… parce que tout le faisait comme ça en fait ». Selon lui, les événements survenus dans les années 1990 et 2000, en Algérie, ont permis à la population de renouer avec la religion, « tel qu’elle était enseignée à l’origine. »
« J’ai décidé de pratiquer pour être en cohérence avec nos croyances », partage Kheirddin. À la question du voile, il se souvient de son enfance et de la perception de l’époque : « Une femme voilée dans mon enfance, c’était une vieille femme. À la mosquée, c’était que des personnes âgées, c’était vraiment particulier ! J’avais une cousine qui avait porté le hijab quand elle avait 15 ans. Ça a fait un tollé dans la famille… »
Retrouvez l’intégralité de leur quotidien dans le magazine Mo News n°105 de ce jeudi 16 mars 2023.