Du 12 au 14 avril, une délégation de socioprofessionnels Guyanais s’est rendue à Lille pour la 12e édition du forum international construction bois. Une reconnaissance importante pour une filière qui rencontre encore de nombreuses difficultés.
Au beau milieu des espaces conviviaux tout de bois vêtus, des rencontres entre jeunes charpentiers et des espaces destinés aux constructions « biosourcés », un véritable layon Guyanais se dessinait à Lille Grand Palais la semaine dernière. Du 12 au 14 avril, l’hexagone accueillait – pour la première fois – une édition du Forum international construction bois. Et la Guyane y a tenu un rôle d’exemple, de « modèle de l’Europe Biosourcée », tel qu’énoncé dans le thème de l’édition.
Pour ce déplacement, les socioprofessionnels de la filière bois en Guyane ont bénéficié d’un accompagnement de la collectivité territoriale de Guyane.
« On a eu un pavillon de la Guyane magnifique, une allée en bois de Guyane, mais aussi le concours de Fly Whales, des dirigeables qui vont s’installer en Guyane en 2025. Une solution de transport qui pourrait se décliner en cargo bois aériens pour faciliter les livraisons. » félicite Jean-Luk Le West, vice-président en charge de l’économie.
« Tout se recycle, rien ne se perd »
Envié, l’écosystème professionnel autour du bois qui s’est créé en Guyane a fait figure de promontoire de l’économie biosourcée. Pour la collectivité, il est important de faire reconnaitre la filière bois locale, au sein de laquelle la matière première est étiquetée comme « exotique ». Mais si l’Office National des Forêts, gestionnaire de près de 8 millions d’hectares, est reconnue pour sa conservation « exemplaire » sous couvert végétal de la forêt amazonienne, les moyens manquent pour une exploitation convenable.
Et des disparités sont à souligner, pour Jean-Luk Le West : « l’ONF en Guyane compte 92 salariés contre 262 à la Réunion. Pourquoi ? Parce que les forêts de la Réunion sont classées à l’UNESCO. Il faudrait classer toute la forêt amazonienne pour sanctuariser. Aujourd’hui, on exploite une toute petite partie, même s’il n’est pas question de tout couper. »
L’enjeu, à l’endroit de la porte d’entrée et de sortie de l’Europe en Amérique du Sud, est donc désormais de « lever les freins normatifs », selon le vice-président de la CTG.
« L’avantage en Guyane, c’est que tout se recycle, rien ne se perd. On a des connexes de bois. Au lieu de les laisser en putréfaction dans la forêt, il faut les donner aux usines de biomasse. Aujourd’hui, nous avons suffisamment de connexes de bois pour pouvoir alimenter toutes les biomasses présentes sur le territoire. » explique le vice-président.
Jeudi dernier, au cours d’une réunion au ministère de l’Agriculture, en charge de la politique forestière, le président de l’interprobois de Guyane et Jean-Luk Le West ont aussi eu l’occasion d’échanger sur le sujet Mia. Ce projet forestier, impulsé en 2016, vise à permettre au Centre Spatial Guyanais, par le biais d’un opérateur, d’exploiter du bois d’œuvre et d’alimenter deux centrales biomasse qui vont être implantées dans la base spatiale. Ce qui permettrait de « libérer » 15 % de l’électricité consommée en Guyane.